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O foible esprit, chargé de tant de peines
Que ne veux-tu soubz la terre descendre?
O coeur ardent, que n'es-tu mis en cendres?
O tristes yeux, que n'estes vous fonteines?
O bien douteux ô peines trop certaines,
O doux sçavoir trop amer à comprendre,
O Dieu qui fays que j'ose entreprendre
Pourquoy rends tu mes entreprises vaines?
O jeune archer, archer qui n'as point d'ieux,
Pourquoy si droit as-tu pris ta visée?
O vif flambeau qui embrases les Dieux
Pourquoy as-tu ma froideur attisée?
O face d'ange, O coeur de pierre dure
Regarde au moins le tourment que j'endure.

Joachim du Bellay